Travailleurs en chantier au Québec : réalités, défis et solutions RH durables en 2025

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Le 8 octobre 2025 Par Richard DesRochers
Pénurie, santé et fierté : redonner un visage humain à nos chantiers
 
En 2025, le Québec bâtit à un rythme record : routes, écoles, hôpitaux, logements et infrastructures vertes sortent du sol partout dans la province. Mais derrière cette vitalité économique, un fait demeure : les travailleurs en chantier sont devenus une ressource rare, fatiguée et convoitée. Selon la Commission de la construction du Québec (CCQ), il faudra 80 000 nouveaux travailleurs d’ici 2029 pour répondre à la demande, soit environ 16 000 embauches par année. Or, la relève tarde à arriver. Le roulement demeure élevé (plus de 35 % quittent après 5 ans), les inscriptions dans les centres de formation professionnelle reculent, et la moyenne d’âge grimpe.
 
Les régions comme l’Abitibi, la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean peinent à retenir leurs effectifs, alors que Montréal et Laval attirent les travailleurs les plus qualifiés avec de meilleurs salaires et des chantiers stables. Résultat : un déséquilibre régional, une guerre des talents, et des retards qui coûtent des millions.
 
Les travailleurs en chantier d’aujourd’hui veulent plus que des heures payées. Ils recherchent du respect, de la stabilité et une reconnaissance réelle de leur rôle dans la société. Et si le recrutement en construction devenait enfin une affaire d’humains, pas seulement de marteaux et de béton ?

L’état du chantier : rareté et mutation de la main-d’œuvre

Le Québec compte plus de 327 000 travailleurs actifs en construction, représentant 6,8 % de l’emploi total et 7,2 % du PIB (ISQ, Statistique Canada, 2025). Mais cette force vitale traverse une crise de renouvellement.
 
Les causes principales :
  • Vieillissement accéléré : près de 25 % des travailleurs auront plus de 55 ans d’ici 2027.
  • Formation en déclin : les inscriptions aux DEP en charpenterie et en mécanique du bâtiment ont chuté de 18 % depuis 2020.
  • Roulement élevé : un tiers des travailleurs quittent avant 5 ans, souvent pour des raisons physiques ou de conciliation.
  • Concurrence entre grands projets : Hydro-Québec, le REM, et le Plan québécois des infrastructures accaparent les plus expérimentés.
Actions clés :
  • Mettre à jour la planification RH à 5 ans selon les projets à venir.
  • Collaborer activement avec les écoles de métiers régionales.
  • Créer des incitatifs à la mobilité interrégionale (transport, logement temporaire).

La santé psychologique et la sécurité : le chantier invisible

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi 27 (octobre 2025), la santé psychologique est désormais considérée comme un risque professionnel à part entière. Et pour cause : la fatigue chronique, la pression de rendement et le sentiment d’isolement gagnent du terrain.
 
Un sondage du CRHA (2024) révèle que 42 % des travailleurs en chantier disent avoir ressenti de la détresse psychologique dans la dernière année. Les blessures physiques diminuent légèrement, mais les arrêts liés à la santé mentale augmentent de 21 % depuis 2020 (CNESST).
 
Facteurs aggravants :
  • Horaires imprévisibles et manque de sommeil.
  • Gestion autoritaire ou communication déficiente.
  • Absence de reconnaissance du travail accompli.
Actions clés :
  • Former les contremaîtres à la gestion humaine et au leadership positif.
  • Mettre en place des pauses actives et de la prévention psychologique.
  • Créer une culture du respect et de reconnaissance terrain.

Recruter autrement : parler vrai et bâtir une marque employeur crédible

Les travailleurs en chantier ne lisent pas les offres formatées. Ils veulent savoir qui est le boss, combien ça paie, et si « la gang » est correcte. Les entreprises qui gagnent la bataille du recrutement sont celles qui parlent le langage du terrain.
 
Stratégies gagnantes :
  • Utiliser des visuels réels de chantiers (pas des photos de banque).
  • Employer un ton direct, simple et québécois : « Tu veux un chantier propre, des boss respectueux et “une gang solide” ? Viens bâtir avec nous. »
  • Offrir des avantages concrets : paie hebdomadaire, outils fournis, BBQ d’équipe, horaires stables.
  • Miser sur le recrutement continu, et non saisonnier
Actions clés :
  • Publier des offres permanentes sur EmploisEnConstruction.com.
  • Créer un programme de référencement interne.
  • Diffuser des mini-vidéos de témoignages d’employés.

L’innovation et la productivité durable

Le secteur de la construction reste l’un des moins numérisés au Québec, mais la pénurie accélère l’adoption de solutions technologiques.
 
Exemples concrets :
  • BIM (Building Information Modeling) : réduit les erreurs de conception de 30 %.
  • Drones : inspection rapide et sécuritaire des chantiers.
  • Impression 3D : premiers tests réussis à Laval et Sherbrooke pour des structures légères.
  • Robotique : soutien aux tâches répétitives pour prévenir les blessures.
Ces innovations permettent de faire plus avec moins — sans épuiser les équipes.
Elles attirent aussi une nouvelle génération de travailleurs curieux et technophiles.
 
Actions clés :
  • Offrir des formations technologiques internes.
  • Collaborer avec des startups en construction verte.
  • Valoriser les chantiers innovants dans la communication RH.

Fidéliser avant de recruter : le vrai levier RH

Recruter, c’est bien. Mais retenir, c’est ce qui fait la différence entre un chantier efficace et un chantier à refaire. Les entreprises les plus performantes en 2025 ont un point commun : Elles traitent leurs travailleurs comme des partenaires, pas des numéros.
 
Bonnes pratiques :
  • Paye à temps, respect et transparence.
  • Flexibilité pour les parents ou les travailleurs régionaux.
  • Reconnaissance réelle (même une tape dans le dos sincère vaut plus qu’un courriel générique).
  • Équipements modernes et sécurité exemplaire.
Actions clés :
  • Mesurer le taux de rétention et le corréler à la satisfaction interne.
  • Former les gestionnaires à la communication positive.
  • Organiser des rencontres ou BBQ d’équipe pour maintenir le lien humain.

Le chantier humain du futur

Les travailleurs en chantier sont le fondement de notre Québec moderne. Ils bâtissent les routes, les écoles et les hôpitaux où nous vivons et grandissons. Mais aujourd’hui, ils réclament autre chose qu’une paie : du respect, du sens et de la stabilité. La pénurie de main-d’œuvre ne se réglera pas uniquement par des salaires, mais par un changement culturel. Chaque entreprise peut devenir un modèle de respect, de sécurité et de reconnaissance.
 
En 2025, le recrutement en construction, c’est avant tout une question de fierté. Fierté de bâtir, fierté d’appartenir, fierté de durer!

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