Vacances de la construction : Comment éviter les retards et protéger vos équipes cet été

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Le 5 juin 2025 Par Richard DesRochers
Avant de parler d’organisation et de productivité, rappelons que les vacances de la construction en 2024 auront lieu du 21 juillet au 3 août. Cette période de deux semaines, instaurée officiellement depuis 1971, est un arrêt massif et synchronisé dans l’ensemble de l’industrie de la construction au Québec, touchant plus de 175 000 travailleurs. Mais cette pause tant attendue ne vient pas sans conséquences. Sur le plan social, elle coïncide avec une hausse notable des accidents de la route, des noyades, et des interventions d’urgence. La Sûreté du Québec rapporte qu’en 2023, 13 décès ont été enregistrés sur les routes pendant cette période. À cela s’ajoutent les vagues de chaleur et la fatigue accumulée en amont, qui augmentent les risques d’épuisement et d’accidents sur les chantiers.
 
C’est dans ce contexte que les gestionnaires RH du secteur de la construction doivent planifier l’été avec rigueur. Car l’été n’est pas une pause pour l’entreprise : 71 % des heures travaillées annuellement dans la construction sont réalisées entre mai et septembre (source : CCQ). Ce paradoxe entre haute saison et arrêt collectif demande des stratégies RH innovantes et anticipées.
 
Ce texte vous propose des pistes claires pour assurer une planification intelligente, préserver la santé physique et mentale de vos équipes, et minimiser les impacts organisationnels pendant cette période critique.

Planifier les vacances collectives sans perdre le fil

La planification des vacances dans le secteur de la construction n’est pas une option : c’est une obligation logistique et légale. Pourtant, 1 chantier sur 3 connaît des retards faute d’avoir prévu un plan RH efficace en amont, notamment autour du mois de juin.
 
Bien que les vacances soient obligatoires pour la majorité des corps de métier syndiqués, les gestionnaires doivent prendre une décision : fermer complètement, fonctionner avec une équipe réduite, ou répartir les tâches autrement. Cette décision doit s’appuyer sur des données concrètes, comme les délais contractuels, la complexité du chantier et les ressources disponibles.
 
Sans une planification proactive, les conséquences peuvent être lourdes : pertes financières, retards pénalisants, démobilisation d’équipe et image ternie auprès des clients.
 
Éléments clés à planifier dès mai :
  • Identifier les chantiers pouvant être mis sur pause sans pénalité contractuelle.
  • Établir une liste des ressources critiques et de leurs disponibilités post-vacances.
  • Répartir les congés de gestionnaires et contremaîtres de façon à conserver une présence décisionnelle minimale.
  • Valider les délais de livraison avec les fournisseurs.
  • Communiquer les attentes et les échéanciers aux clients avant le départ en vacances.

Prévenir les retards : outils RH à mettre en place dès juin

Si la pause de fin juillet est incontournable, le vrai défi débute avant et après les vacances. Les données de la CCQ montrent que les semaines de la mi-juin à la mi-août concentrent la majorité des retards liés à une mauvaise gestion RH.
 
Les outils numériques, les tableaux de charge, les planifications dynamiques et les logiciels de présence permettent de modéliser les absences et d’anticiper les goulets d’étranglement. En 2024, plusieurs PME de la construction au Québec intègrent maintenant des solutions d’ordonnancement intelligentes pour ajuster les horaires en fonction de la météo, des absences et des contraintes du chantier.
 
Stratégies efficaces à mettre en place :
  • Créer une carte des ressources disponibles semaine par semaine de juin à septembre.
  • Utiliser un logiciel RH pour croiser absences, livrables et chantiers.
  • Négocier avec certains employés clés pour retarder ou devancer leurs vacances, avec bonification.
  • Prévoir une équipe volante ou de remplacement pour les urgences ou imprévus.
  • Mettre à jour la documentation RH pour clarifier les attentes liées au retour.

Gérer la sécurité et la chaleur sur les chantiers

Juillet et août sont les mois les plus critiques en matière de blessures liées à la chaleur, de chutes et d’épuisement professionnel. La CNESST rapporte que 23 % des arrêts de travail dans le secteur surviennent en été.
 
Avec la fatigue accumulée du printemps, la pression des échéanciers, et les températures élevées, les erreurs humaines augmentent. La sécurité doit être renforcée, non réduite. En 2024, plusieurs entreprises choisissent d’implanter des protocoles chaleur, des pauses d’hydratation obligatoires et des heures de travail compressées (6 h à 14 h).
 
Bonnes pratiques à adopter :
  • Fournir de l’eau fraîche, des abris ombragés et des vêtements respirants.
  • Réorganiser les tâches physiques les plus lourdes en matinée.
  • Planifier des vérifications de sécurité spécifiques pour les nouvelles recrues ou remplaçants.
  • Sensibiliser les superviseurs aux signes d’épuisement et d’insolation.
  • Afficher un bulletin météo sur chaque site et adapter les horaires en conséquence.

Motiver les équipes malgré la fatigue de fin d’été

La reprise post-vacances est souvent difficile : projets en retard, tensions accrues, retours moroses. Pourtant, c’est aussi un moment clé pour remobiliser les équipes et relancer la cohésion.
 
Selon une enquête de la CCQ, 83 % des travailleurs aimeraient plus de flexibilité ou une semaine compressée durant l’été. En écoutant les besoins du personnel et en aménageant certaines règles, les employeurs peuvent transformer août et septembre en leviers de motivation.
 
Actions simples à haute valeur ajoutée :
  • Organiser un dîner d’équipe ou une activité simple le jour du retour.
  • Valoriser les efforts de l’été par des primes ou des congés mobiles à l’automne.
  • Offrir des horaires allégés les vendredis de fin août.
  • Mettre en place un sondage pour recueillir les suggestions d’amélioration pour l’an prochain.
  • Afficher les succès de l’été : livraisons à temps, absence d’accidents, satisfaction client.
Note : Par « relancer la cohésion», on entend le fait de reconstruire l’esprit d’équipe, la confiance mutuelle et la fluidité dans les communications après une période de pause où les liens professionnels peuvent s’être relâchés. À la reprise, certains employés se sentent déconnectés du groupe ou des objectifs. Des gestes simples — comme une réunion informelle, une activité de réintégration ou un message mobilisateur — peuvent rapidement raviver le sentiment d’appartenance, améliorer l’ambiance et stimuler la collaboration.

L’été, un test RH grandeur nature

Les vacances de la construction ne sont pas un obstacle à la performance, mais un test de maturité RH. Savoir anticiper les absences, gérer les urgences, protéger la santé des équipes et relancer la motivation sont autant de signes d’une gestion proactive et humaine.
 
Les chantiers qui réussissent l’été sont souvent ceux qui ont su écouter leurs travailleurs, investir dans la planification et adapter leur culture à la réalité saisonnière.
 
L’été est court. La marge d’erreur, elle, l’est encore plus.

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